Une des premières questions que je pose à mes clients est : « Pendant combien de jours, de semaines ou de mois pourriez-vous couvrir vos dépenses courantes et vos frais fixes grâce à votre fonds d’urgence actuel ? »
Je leur demande aussi : « Que considérez-vous comme un fonds d’urgence ? Un compte d’épargne à intérêt élevé ou… une carte de crédit aux intérêts beaucoup plus élevés ?
Malheureusement, plusieurs ménages n’ont que peu de liquidités disponibles pour faire face à un imprévu comme une perte d’emploi ou une baisse du volume d’affaires, une invalidité prolongée, une réparation majeure sur un véhicule ou sur la résidence principale.
J’essaierai ici de démystifier les bases du fonds d’urgence et de donner quelques trucs et outils pour son établissement.
1. Combien doit-on épargner dans son fonds d’urgence ?
En général, il est recommandé de se constituer un fonds d’urgence, appelé aussi fonds de secours, équivalant à 3 à 6 mois de son revenu net. Ce montant peut varier selon sa situation personnelle. Par exemple, si nous avons des dettes de consommation (cartes de crédit), un montant mensuel plus élevé devrait être consacré à leur remboursement, tout en se constituant simultanément un fonds d’urgence plus petit, tel un mois de son revenu net. Dans un autre ordre d’idées, un travailleur autonome devrait se prévaloir d’un fonds d’urgence plus élevé que, par exemple, un fonctionnaire bénéficiant d’une bonne sécurité d’emploi.
2. Quels outils financiers utiliser pour un fonds d’urgence ?
Réponse : des investissements liquides et sécuritaires, dont le retrait n’aura pas d’impact fiscal. On oublie ainsi le RÉER, lourdement imposé au retrait, la plupart des fonds d’investissement et les titres individuels comme les actions, dont la valeur peut varier avec le temps, ainsi que les placements à terme non rachetables.
Ce qu’il reste : les comptes d’épargne à intérêt élevé, idéalement dans un CELI, si nos droits de cotisation le permettent, ou tout simplement dans un compte non enregistré. Il existe aussi des placements à terme (certificats de placement garantis) qui peuvent être rachetés avant la fin du terme, mais avec de lourdes pénalités et des fonds du marché monétaire à très faible risque.
Finalement, il est préférable de séparer ses épargnes servant à un fonds d’urgence à celles consacrées à d’autres projets (voyages, achat d’un nouveau véhicule, etc.).
3. Fonds d’urgence ou assurance ?
On me dit souvent : « Anny, on est trop assurés, au Québec ! » Ou encore : « J’aime mieux me mettre de l’argent de côté en cas d’imprévus que de m’assurer. »
Cela vous étonnera peut-être, mais je suis d’accord, en partie, avec ces affirmations !
En effet, dans un bon plan financier, le but d’un fonds d’urgence est de couvrir les « petits » imprévus et de remplacer les courtes pertes de revenu. Par exemple :
- Une dépense imprévue de 1000 $ chez le dentiste ? Fonds d’urgence !
- Une invalidité de courte durée (moins de 3 mois) ? Fonds d’urgence !
- L’achat d’une orthèse de 300 $ pour un problème médical ? Fonds d’urgence !
- Une réparation imprévue à faire sur notre voiture ? Fonds d’urgence !
Bien sûr, une personne bénéficiant d’une assurance collective sera bien heureuse de voir les trois premières dépenses couvertes, en tout ou en partie. Mais une personne sans assurance maladie complémentaire/invalidité de courte durée ayant économisé un fonds d’urgence suffisant devrait pouvoir payer ces frais sans problème et aura aussi les économies nécessaires pour couvrir des frais non médicaux comme la réparation sur la voiture.
Cependant, il est presque impossible de se prémunir contre une invalidité permanente seulement grâce à l’épargne, à moins d’être déjà indépendant de fortune. Cela est surtout vrai si on est encore loin de sa retraite. Même chose si un décès prématuré survient alors que nous avons des obligations financières et des personnes à charge ou si nous sommes atteints d’une maladie grave qui entraîne des dépenses supplémentaires importantes.
La place de l’assurance personnelle est ici, pour les événements extraordinaires, hors de notre contrôle, mais malheureusement courants : ainsi 1 travailleur canadien sur 3 sera invalide plus de 90 jours avant ses 65 ans, selon les statistiques de LIMRA. Selon la Société canadienne du cancer, c’est 2 Canadiens sur 5 qui auront le cancer au cours de leur vie. Encore, environ 15 % des hommes et 10 % des femmes seront victimes d’un décès prématuré avant l’âge de 65 ans, selon Statistiques Canada.
4. Comment établir une habitude d’épargne ?
Fixez-vous un montant hebdomadaire que vous pourrez respecter, même s’il est petit. Mettez en place une épargne systématique. Réduisez vos frais fixes en magasinant vos fournisseurs lorsque possible (forfaits bancaires, services de télécommunication, assurances générales, taux d’intérêt sur les cartes et marges de crédit, etc.) et analysez régulièrement vos dépenses forfaitaires (le café journalier peut représenter une dépense importante au fil des mois !). Finalement, épargnez les entrées d’argent imprévues, par exemple votre remboursement d’impôt.
Voilà ! L’établissement d’un fonds d’urgence est la première étape à franchir dans la mise en place d’un plan financier.
Je peux vous aider à choisir le véhicule d’investissement approprié pour votre fonds d’urgence auprès de plusieurs institutions financières.
Anny Vaillancourt, conseillère en sécurité financière, Le Groupe financier du Boisé